Il y a 22 ans un deuxième dan dénommé Carlo, initié à l’Aïkido par son père depuis l’âge de 14 ans, fondait son club à Saint Laurent du Var (Alpes-Maritimes), regroupant aujourd’hui le plus grand nombre de licenciés du département.
Dans son genre « gentil pugnace, il ne connaissait pas la voie du renoncement face aux stéréotypes sociaux, culturels ou athlétiques. L’avenir de Carlo n’a jamais été tout tracé.
Forgé par une enfance modeste dans les quartiers de la Zaine à Vallauris, comme il aimait le raconter, sans s’arrêter au mépris ordinaire Carlo est devenu médecin.
Il conservait une lueur d’espoir qui l’a guidé toute sa vie : ce sentiment que, même dans les moments difficiles, il pouvait trouver la ressource nécessaire pour s’accomplir.
A la lumière de son expérience personnelle, il a aussi su révéler chez les élèves, les forces jusqu’alors voilées par des blessures personnelles. Ses élèves, c’étaient sa deuxième famille.
Ebloui par la pratique de Tamura Sensei, Carlo n’a cessé de se remettre en cause pour progresser lui-même, et entraîner avec lui les pratiquants.
Sa pratique régulière pouvait paraître assez peu compatible avec les contraintes de sa vie professionnelle, mais il a su trouver son équilibre. Amoureux de cette voie, il découvrira aussi les déconvenues dans sa pratique, dans ses rapports humains, mais tirera vite les leçons d’exigence et de travail nécessaires à son épanouissement. Perçu comme un homme de tous les fronts, trop de fronts pourraient dire certains, il se contentait en retour de peu.
Elu CER de la ligue Côte d’Azur depuis une quinzaine d’années, il a su rassembler les forces éparpillées, pour donner une intense effervescence à l’école régionale, Médecin fédéral depuis 2012, il a notamment élaboré toute la partie médicale de la formation au certificat de qualification professionnel (CQP), et a pu réjouir les candidats lorsqu’il instruisait avec amour une matière alors devenue abordable.
Depuis deux ans, il s’occupait d’organiser les cours du mardi soir au Shumeikan afin que l’école de Bras reste active, et ce malgré les efforts que cela lui demandait pour jongler avec sa profession de médecin.
Ses voyages au Japon ont élargi son horizon : attiré par la symbolique des lieux visités, il s’était éveillé à la nature profonde de l’Aïkido.
Dans la brume qui entoure la progression, il a pu compter sur les hauts grades de la fédération comme des repères pour ne pas s’égarer et il a toujours agi avec une sincère dévotion. Leur amitié et leur reconnaissance pour le travail effectué ont toujours été source de grande joie.
Le dernier stage Haut-Niveau organisé au Shumeikan Dojo de Bras auquel Carlo a participé du 12 au 15 mai, lui a procuré un immense bonheur qu’il a pu nous faire partager dès son retour.
Ses dernières pensées étaient encore dirigées vers la pratique, puisqu’il a rédigé jusqu’au bout le compte-rendu du stage avant sa brutale disparition.
Pour beaucoup d’entre nous le ciel s’est assombri, mais l’héritage de Carlo est visible aujourd’hui.
Ses élèves, les enseignants qu’il a formés vont reprendre le flambeau et continuer à faire vivre son dojo et l’enseignement de Tamura Sensei, avec toute la rigueur et l’amour de la pratique qu’il leur a transmis.
Carlo a enseigné bien davantage que des techniques : une Bienveillance, comme il est si rare aujourd’hui.
A tous ceux qui ont partagé des moments heureux avec Carlo, soyez bienveillants envers les autres comme il a pu l’être un jour avec vous.
Sa famille et ses élèves.
Le décès de Carlo ANDOLFI médecin fédéral, membre du Comité Directeur National est survenu le mardi 17 mai 2016.
Cher Carlo, tu nous as quittés si brutalement.
Toujours joyeux, le sourire éclairant et communicatif, tu aimais tellement la vie que personne n’imaginait un seul instant que la mort allait te faucher maintenant.
D’une générosité sans faille, tu pensais toujours à donner, donner. Les responsabilités que tu assumais, loin d’être une fin en soi, devenaient chez toi une Mission Noble, portée uniquement sur le Bien envers les autres.
Malgré ton métier très absorbant, celui de médecin urgentiste, tu savais te montrer disponible chaque fois que nécessaire. Lors du dernier stage qui a réuni les responsables techniques de la FFAB en février dernier, tu avais offert de nous initier aux techniques de réanimation. Tu le fis avec un talent rarement rencontré, mêlé à la fois de simplicité, de douceur, de sérieux et bienveillance, et une modestie qui laissait émerger cet étrange paradoxe où la vie et la mort semblaient se côtoyer. Et c’est toi qui, à peine trois mois plus tard, a dû subir ces techniques de réanimation. Mais tes collègues n’ont pu te retenir ; tu es parti sur l’autre rive.
Ton chemin d’Aikidoka a toujours été et demeure un exemple pour nous tous. Tu n’avais pas hésité à assurer un mardi sur deux le cours au Dojo de Senseï alors que dans le même temps tu devais animer un cours dans ton propre Dojo à St Laurent du Var. Ton enthousiasme et ta force de conviction ont conduit tes élèves à « déserter » ton club et venir avec toi à Bras pour que SHUMEIKAN continue à vivre. Exemple magnifique de complicité avec l’æuvre de Sensei…
A chacun de nous, à la lumière de ton exemple, de trouver concrètement, les actions justes pour que, comme avec Sensei, comme avec toi Carlo, SHUMEIKAN continue à vivre.
C’est bien ce que tu voulais, n’est-ce pas ? A nous de suivre tes pas. Maintenant, repose en Paix , tu l’as bien mérité.
Après ce stage ensemble à Shumeikan que tu aimais tant, où, une fois de plus, tu nous as enrichis de
Ton sourire, ta bonne humeur et aussi ton expérience,
Tes soins pour chacun,
Tes attentions toujours délicates pour tes sempaïs,
Ton efficacité dans ton aide à l’organisation de ce stage haut niveau dès les premiers instants, et aussi
Ton investissement dans les cours à Shumeikan tout au long de l’année.
Ton attachement indéfectible à notre Fédération, à travers ton engagement aussi bien national que régional,
Ta générosité souriante,
Ton humour inaltérable,
Ton désir de trouver et retrouver le Japon avec Laetitia et en particulier Kyoto,
Ton attachement à l’enseignement de Tamura Sensei.
Ce sont, entre autres, les images que je souhaite garder de toi, image si bien résumée dans cette belle photo de toi prise à Shumeikan.
Crédit photo : Denis Degioanni